Par Anthony Nugan le mercredi 28 mai 2014
Catégorie: Web NEWS

Chronique d’une descente aux enfers

L’OBS – Après trois ans de cavale, le tristement célèbre Hubert Dacosta est tombé. C’est avant-hier que les éléments de la DIC (Division des investigations criminelles) lui ont mis la main dessus, au domicile de l’ex-sénatrice Aïda NDiongue. Chronique d’une descente aux enfers…

Il n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche mais pourtant, il fait tout pour se donner les allures d’un gosse de riche. Il traîne avec eux, s’habille comme eux et mène le même train de vie qu’eux. Des virées nocturnes en boîte de nuit avec des bolides de star, les poches remplies de billets de banque, entouré de belles donzelles étaient son dada. Sauf que le puzzle ne s’emboîtait pas totalement pour Hubert. Pour faire face à ses envies de pacha, il lui fallait «voler». 

L’occasion faisant le larron, il a profité de ses accointances avec les fils de riches célébrités pour financer ses folies dépensières. Tandis qu’eux profitaient de son physique à tomber les belles nanas branchées du coin, pour entrer dans les bonnes grâces de celles-ci. Teint clair, gueule d’ange, des yeux en amande, il faisait fondre facilement la gente féminine, comme beurre au soleil. C’était donc plus facile pour lui de brancher les jeunes filles avec ses amis XXL…

Destin volé

Tout semblait allait pour le mieux pour Hubert Dacosta pour qui le ciel n’a pas fait de cadeau. Né d’une union illégitime, la vie n’a pas toujours été de tout repos pour lui, jusqu’à ce qu’il en décide autrement. Sa mère d’origine Cap-Verdienne aux revenus modestes s’est retrouvée seule face à la responsabilité de son éducation et surtout de sa survie. Son père d’origine sénégalaise ne l’a jamais reconnu. Livré à lui-même, sans figure paternelle, il s’est rapidement pris en charge. Toutefois, il a choisi la facilité plutôt que la sueur de son front.

C’est en Octobre 2011 que son masque est tombé, à la suite d’une rocambolesque affaire de vol de bijoux et de numéraires perpétré chez l’ancien président du Sénat, Pape Diop. Au début de l’affaire, le montant du forfait était chiffré dans les 500 millions. Très vite, le nom d’Hubert Dacosta avait été associé au scandale. Une plainte avait été déposée par l’épouse de Pape Diop (Ndèye-Marie Diallo), à la Sûreté Urbaine. Le bonhomme, entre temps, avait pris la poudre d’escampette pour se réfugier en Gambie, puis en Côte d’Ivoire. Au parfum de l’ampleur des dégâts, il avait joint la rédaction de L’Observateur pour mettre les points sur les «i». Il avait balayé d’un revers de main les accusations portées à son encontre et avait tout de même reconnu son implication dans l’affaire. «Je n’étais que le receleur. Je me contentais de revendre le butin volé par les fils de Pape Diop», avait-il balancé la peur au ventre. La peur de payer seul un acte dans lequel il a joué les seconds couteaux. Car avait-il également avoué, l’un des fils d’Aïda NDiongue, ancienne sénatrice actuellement détenue au camp pénal, était également lié au vol. D’ailleurs, il avait tous les deux fui en Gambie, avant que sa mère ne la rappelle à Dakar pour ensuite l’évacuer en France. Hubert craignait de se voir coller toute l’histoire du vol sur le dos. Mais ce qui lui faisait le plus peur était sans doute les 500 millions avancés comme étant le produit du vol. Selon lui, les bijoux et les sommes d’argent étaient aux alentours de 8 800 000 FCfa. Ce que l’avocat de l’épouse de Pape Diop à l’époque, M. Khassimou Touré, avait confirmé devant la presse.

Toujours est-il que le passé d’Hubert l’a rattrapé. D’autres histoires de vol lui sont collées sur le dos. Le domicile de l’ancien Président tchadien Hissène Habré en fait partie. Là également, il aurait bénéficié de la complicité d’un petit-fils de l’ancien chef d’Etat. Lui-même avoue toujours dans l’entretien téléphonique avec L’Observateur qu’il s’accompagnait avec le fils d’Idrissa Seck et que ce dernier aurait subtilisé 110 000 000 FCfa à son pater. Des sous qu’ils auraient dilapidés ensemble sans être inquiétés.

Aïda NDiongue, le point de non retour

Il faut dire qu’Hubert à une réelle capacité de se fondre dans la nature lorsque le danger le guette. Lorsque la famille Diop le recherchait avec une «meute» de vigiles, il ne s’est pas fait prier pour se faire la malle. Alors que des informations l’envoyaient loin dans l’Hexagone, il avait donné signe de vie au Burkina. Selon ses propres mots, il créchait d’abord chez un de ses oncles qui l’a ensuite mis à la porte. Il s’est retrouvé à faire la manche pour survivre, avant d’être recueilli par un gardien dans une chambrette dépourvue d’eau et d’électricité. Il ne se lavait que tous les deux jours. Une vie de rat, voilà à quoi il a était réduit désormais. Marre de sa vie de fuyard, l’idée du suicide a germé dans sa tête, avant qu’il ne se résigne à accepter sa condition. Pendant plus d’une année, c’est le statuquo, l’adolescent âgé à l’époque de 18 ans ne fait plus parler de lui. En décembre 2013, son nom refait surface dans un autre cambriolage tout aussi spectaculaire. C’est un certain Oumar Diagne, un de ses amis et complice appréhendé qui passera aux aveux, avant de cracher aux enquêteurs le nom d’Hubert Dacosta. Auparavant, des rumeurs de son retour à Dakar circulaient dans le Dakar by nigth. Selon certaines indiscrétions, le jeune-homme fidèle à ses habitudes de jet-setteur écumait à nouveau les dancings de la capitale. Il avait changé de look et arborait une crête rouge vif. Ironie du sort ou comble du destin, c’est au domicile d’Aïda NDiongue dont le fils avait été cité dans l’affaire du vol de chez Pape Diop aux Maristes qu’il a été appréhendé, avant-hier. Ce, après avoir réussi à plusieurs reprises à se faufiler entre les mailles de la justice. Il est présentement entre les mains des éléments de la DIC (Division des investigations criminelles) et attend d’être entendu. Clap de fin pour Hubert…

MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU

SOURCE:http://www.gfm.sn/chronique-dune-descente-aux-enfers/

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