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Randonnée sur les bords du Nil : Passions autour de la question de l’eau

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ÉgypteVéritable source de vie du pays des Pharaons, le Nil est un sujet de grand intérêt pour les Egyptiens. Seul bassin d'eau douce du pays, le fleuve est vital pour les 83 millions d'habitants qui vivent, pour la grande majorité d'entre eux, sur ses rives. Or, 80 % du débit vient du Nil bleu qui prend sa source en Ethiopie, un autre pays projetant de dévier une partie de ce grand affluent du Nil pour les besoins de la réalisation du « grand barrage de la Renaissance ». Un ouvrage qui en ferait la plus grande puissance hydroélectrique du continent africain.
Aujourd’hui, la question est de savoir à quelles règles, la gestion du Nil obéit-elle ? Il est vrai que le partage des eaux du fleuve pose problème depuis de nombreuses années, avec une Egypte qui estime avoir des droits historiques sur le Nil, en vertu de trois traités respectivement signés en 1902, 1929 et 1959. Ces textes, engageant des pays du bassin du Nil (Ethiopie, Erythrée, Soudan) et des puissances coloniales (Royaume-Uni, Italie), attribuent à l’Egypte les deux tiers des ressources en eau ainsi qu'un droit de veto sur tous les projets concernant le fleuve.

Des Etats, situés sur le cours du Nil ont, depuis quelques années, signé un nouvel accord de répartition des eaux qui ne fixe pas de quantités, mais instaure le principe d'une gestion équitable et abroge le droit de veto du Caire. La signature, subsidiairement, de cet acte et, principalement le projet de construction, par l’Ethiopie, du « grand barrage de la Renaissance », avaient fait réagir maladroitement certains Egyptiens, dont le président islamiste déchu, Mohamad Morsi qui avait dit : « Si une seule goutte du Nil est perdue, notre sang sera la seule alternative ».
Cet esprit va-t-en guerre n’anime pas les dirigeants actuels  de l’Egypte. Le président par intérim, Adhli Mansour, et son ministre des Affaires étrangères, Nabil Fahmy, sont en train de démontrer, au lendemain de « la révolution corrective du 30 juin 2013 », que la dimension africaine constitue l’un des piliers essentiels de l’action diplomatique égyptienne.   Le pays des Pharaons est soucieux de développer ses relations bilatérales avec les différents Etats du continent, notamment ceux du bassin du Nil. C’est donc dans ce cadre qu’il faut situer la rencontre des jeunes du bassin du Nil organisée récemment au Caire. Autour du thème « Le Nil… vaisseau de la vie », les autorités égyptiennes avaient convié une soixantaine de participants appartenant aux pays du bassin du Nil pour, d’une part, leur dire que « le Caire cherche à assurer le droit des peuples concernés à un avenir meilleur et à une vie décente sécurisée, et, d’autre part, à soutenir l’unité de l’Afrique face aux blocs et aux pressions internationaux que connaît notre monde contemporain ». L’Egypte est, surtout, pour une politique africaine efficace basée sur la mouvance active aux niveaux bilatéral, régional et continental. Durant cette rencontre, l’Egypte a délivré un message de pondération, de modération et d’espoir, en appelant tous les Etats concernés à des discussions ouvertes devant aboutir à une situation gagnant-gagnant dans un contexte panafricain.  Une attitude saluée par les participants qui sont conscients que « les pays du bassin du Nil ont beaucoup plus à gagner en encourageant la coopération qu’à entrer en conflit ». Ce qu’ils ont promis de transmettre à leurs gouvernants respectifs priés de méditer ces propos de l’ancien président égyptien Gamal Abdel Nasser : « Pour être un homme politique, il suffit de savoir ce que veut le peuple et de le crier plus fort que lui ».

Pour une meilleure gouvernance de la ressource
Les eaux du Nil représentent une ressource importante pour les différents pays qui se partagent le bassin versant de ce fleuve. La denrée eau est partagée entre 11 pays : Egypte, Soudan, Soudan du Sud, Ethiopie, Ouganda, Tanzanie, Kenya, Erythrée, Rwanda, Burundi et République démocratique du Congo. Mais, c’est l’Egypte qui dépend quasi totalement du Nil pour son approvisionnement  en eau, contrairement aux autres Etats riverains qui disposent d’autres ressources. 
En Egypte, le Nil est, d’abord, le « commencement du monde », ensuite la « source de vie qui fait verdoyer des marais giboyeux, alimente les étangs poissonneux, procure l’abondante rosée nocturne indispensable aux cultures, fertilise la terre nourricière et procure l’eau pure vitale ». Avec un cours de 6.718 kilomètres, il est,  devant l’Amazone (6.400 kilomètres), le fleuve le plus long du monde. Son bassin versant couvre près de 3 millions de kilomètres carrés, soit une superficie égale au dixième de tout le continent africain. La taille de sa population ainsi que sa dépendance quasi absolue à l’égard des eaux du Nil pour son approvisionnement en eau, font que l’Egypte a un lien viscéral avec  ce fleuve. Et à juste raison ! Pour autant, les Egyptiens sont favorables à une gestion concertée des eaux. Le caractère particulièrement sensible de la question du Nil pour eux s’explique, à la fois, par des raisons historiques et symboliques fortes et par des besoins tout aussi réels.  On connaît le lien organique entre l’émergence de la civilisation égyptienne et les crues du fleuve qui ont conduit Hérodote, 500 ans avant Jésus Christ, à présenter l’Egypte comme un « don du Nil ». Ce pays dépend presque entièrement du Nil pour son approvisionnement en eau, contrairement aux pays d’amont, qui disposent d’autres ressources. Aussi, doit-il faire face à des besoins toujours grandissants, en raison de la croissance démographique, de l’explosion urbaine et de la pollution du fleuve, entres autres problèmes. Après l’annonce, par l’Ethiopie, de projets grandioses – principalement des barrages – pour augmenter ses zones irriguées et produire de l’énergie électrique, par l’Ouganda, la Tanzanie et le Kenya, entre autres, de leurs projets agricoles grâce à un accès à l’eau de cette vaste étendue d’eau douce, l’Egypte n’a pas fait preuve d’une mauvaise volonté à l’égard des pays d’amont. 
Déjà, elle a lancé diverses initiatives de coopération avec les autres pays, en vue de les habituer au travail conjoint. Et dans leur message aux participants à la conférence, le ministre de la Jeunesse, Khaled Abd Elaziz, et son collègue en charge des Affaires étrangères, Nabil Fahmy, ont longuement insisté sur « la main fraternelle que l’Egypte tend aux autres pays du bassin du Nil ». Aussi, à travers trois conférences animées par l’expert Hany Raslen, le Dr. Ibrahim El Sayed Gaber et le président de la campagne diplomatique populaire des pays du bassin du Nil, Mostafa El Gendi, les jeunes conviés à la rencontre se sont imprégnés des difficultés d’eau potable pour l’Egypte dans un futur proche.  Et dans la résolution sanctionnant la fin des travaux, ils ont demandé aux gouvernements de tous les pays concernés de « se pencher, de toute urgence, sur la question de la gouvernance de la ressource », d’autant qu’en Egypte, une trentaine des villages reçoit de l’eau potable, une cinquantaine n’en reçoit que des quantités insuffisantes et 6% en sont totalement privés. En visitant Karoun, un village de la région de Fayoum (Centre) à 130 kilomètres au sud-ouest du Caire, l’on s’est rendu compte que les périmètres agricoles souffrent considérablement de la raréfaction de la ressource eau.

Moisson de plaisirs culturels au Caire
 Après une longue nuit de dictature sous Hosni Moubarak et l’aube d’une conquête de libertés écourtée sous la férule des Frères musulmans, l’Egypte, dans un élan populaire, est en train de vivre aujourd’hui de grands moments de délivrance sous la conduite des autorités de la transition qui, avec l'adoption, en janvier dernier, par referendum, d’une nouvelle Constitution, et l’annonce de la tenue des élections présidentielle et parlementaires en mai prochain, balisent la voie de la démocratie. 
La capitale égyptienne, le Caire (Al-Qahira en arabe, c’est-à-dire La Victorieuse), est une ville majestueuse, grouillante et vivante. Ce centre politique et intellectuel du pays, en amont du delta du Nil, à 160 km au sud de la côte méditerranéenne, est l’une des premières villes d'Afrique. Cosmopolite, elle constitue un carrefour entre l'Orient et l'Occident. Elle demeure, malgré les ombres de l’insécurité, un pays normal, aspirant à plus  de démocratie et œuvrant à plus de solidarité entre les peuples d’Afrique. En descendant dans ce fief ancestral des civilisations grecques et romaines, l’on se rend vite compte que c’est une intéressante destination car on peut y faire une prodigieuse moisson de plaisirs culturels, et surtout y vivre son « egyptomania » née de l’amour porté à cette terre de passion. 
« Il n'y pas de raison de s'inquiéter au Caire. Tout est net, là-bas ». C’est le message du personnel de l’ambassade d’Egypte au Sénégal destiné à rassurer votre serviteur à la veille de son départ de Dakar pour le pays des Pharaons. Un propos qu’on pouvait ne pas délivrer à un « vétéran » de la presse qui a déjà connu beaucoup de zones « chaudes ». Mais, prudence quand même ! Surtout quand on entend ce que racontent certains médias. Première impression : à la sortie de l’aéroport en pleine nuit,  on constate que la capitale égyptienne n’est pas une zone en guerre où soldats et Frères musulmans se canardent à tout bout de champ et à tout instant. Les gens sont en mouvement, disputant la voie aux véhicules dont le concert de klaxons assourdissants renseigne sur les embouteillages à saturation maximale que connait le Caire, même la nuit.  C’est comme ça aussi le jour, dans la capitale égyptienne. Telles des fourmis rampant au milieu de galeries, véhicules et piétons parcourent le Caire qui n’est pas tel que certains medias nous le présentent jusqu’ici. Même si une forêt de minarets proclame la prédominance de l'islam, la population rassemble Arabes, Asiatiques, Noirs d'Afrique et Européens. Patrick, un Congolais de Kinshasa rencontré dans le vieux Caire lâche ceci : « avoir vécu un jour en Egypte est sans doute la pire des punitions. Car on est condamné à y retourner toujours ou à en avoir la nostalgie sans cesse ». 
Le couple Delporte, venu d’Europe, est à son troisième séjour, en cinq ans, en Egypte. « Le Caire est un foyer culturel et artistique de premier plan, qui abrite de très nombreux musées aux fabuleuses richesses », souligne Daniel. Et Brigitte ajoute: « Le Caire, c’est un lieu privilégié de vacances, de dépaysement, de découvertes, de rencontres authentiques. Nous y sommes vraiment à l’aise  ».Ces gens sont rencontrés dans le vieux Caire (au Sud). C’est une enclave fortifiée où les maisons et les bazars s'entassent dans d’étroites rues pavées. Sur le mont Muqattam, la citadelle, construite en 1.177 par le sultan Saladin, sépare la vieille ville du Caire modernet (Nord Ouest), avec de larges avenues bordées d’immeubles abritant des bureaux, banques, hôtels, ministères... Ici, les visiteurs sont nombreux. L’activité touristique qui, suite au Printemps arabe, avait perdu une bonne part de sa clientèle habituelle, en a reconquis une considérable partie et repart vers une normalisation du secteur. On gagne à visiter l’Egypte, un pays apaisé et où une nouvelle identité est en train de naître. « L’envie, pour l’Egypte, de faire partie de l’Afrique est manifeste. Mais, nous sommes ouverts aux autres. L’Egypte veut renforcer le lien qui l’unit, depuis toujours, au continent noir et aux parties du monde. L’Egypte s’inscrit là, toute entière », dit haut et fort Mostafa El Gendi. Autre ravissement, les pyramides de Gizeh. Se retrouver au pied des monuments de Kheops (2590 avant Jésus Christ), Khephren et Mykérinos vous laisse une forte impression. La beauté des paysages et le caractère sacré de ces monuments font du site l'un des plus émouvants de l'Egypte pharaonique et laissent au visiteur des souvenirs exquis. Ici, le résumé de 5000 ans d’histoire est fantastique. Bref, un séjour en Egypte est absolument irrésistible. Et surtout lorsqu’un personnel dévoué, chaleureux et attentionné d’un bateau restaurant prend bien soin de vous : buffet royal, réception sous les notes mélodieuses d’un orchestre, ballades et soirées dansantes sur le Nil. Des moments à savourer sans modération.

De notre envoyé spécial en Egypte Cheikh Aliou AMATH

SOURCE: http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=38968:randonnee-sur-les-bords-du-nil-passions-autour-de-la-question-de-leau&catid=78:a-la-une&Itemid=255